Le terme de berbère par lequel nous avons l'habitude de désigner les plus anciens habitants de l'Afrique du Nord est, en fait, un terme inadéquat, puisque dérivé du grec "barbaroi" et, par-delà, du sémitique, puis de l'arabe "brabra". Il désigne en premier des gens dont on ne comprend pas la langue. C'est une appellation méprisante donnée par un vainqueur à un vaincu ou par un voyageur sûr d'appartenir à une civilisation supérieure. Ce n'est pas le nom qu'un peuple se donne de lui-même. La population actuelle du Maroc est essentiellement d'origine "tamazight"-berbère. La langue qui était jadis dominante sur l''ensemble du pays a été dans une très large mesure remplacée par la langue des conquérants arabes comme langue officielle, puis comme langue véhiculaire entre parlers différents. Les tribus de langue berbère, auxquelles ce nom de "Berbères" est généralement donné, peuvent être divisées en plusieurs groupes. Tout d'abord les habitants du Rif, tout au nord du pays, qui se dénomment eux-mêmes les Iryfien- en arabe "ruafa". Les "Braber" qui habitent les régions montagneuses au centre du Maroc et la partie orientale des chaines du Haut Atlas. Les "Shlöh" ou Ishelyen comme ils s'appellent eux-mêmes habitent la partie occidentale du Haut Atlas (Aït Bougmez) ainsi que la région de Sous et, plus au sud, une aire dont la frontière orientale peut être sommairement figurée par une ligne tracée dans le voisinage de Demnat vers le sud-est; au nord, la limite pourrait être légèrement incurvée allant de Demnat à Mogador sur la côte atlantique, suivant le pied des montagnes, interrompant, en un endroit, une bande de plaine. Les "Drawa" habitent la vallée de l'oued Dra, à l'extrême sud du Maroc. Un cinquième groupe comprend les diverses tribus qui vivent dans le voisinage d'Oujda et l'angle nord-est du pays. Tous ces groupes se désignent d'un seul nom: Imazighen. (Jean SERVIER- Les Berbères- Editions Que sais-je ? )